SEPTIÈME PARTIE
PIÈCES JUSTIFICATIVES
de la
FAMILLE DE MOYENCOURT
1230 1869


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1. - Notes sur l'abbé Pouillet. ancien curé de la paroisse de Moyencourt, près Poix (Somme).

L'abbé Pouillet (Gustave-Jean), 27e curé connu de la paroisse de Moyencourt il fut nommé à cette cure le 21 juillet 1843, et installé le 29 du même mois; il mourut dans la ville d'Amiens, son pays natal, le 23 mai 1860, âgé de quarante et un ans.
Membre de la Société des Antiquaires de Picardie et correspondant de celle de la Morinie, l'abbé Pouillet a consacré quinze années de sa vie à faire des recherches sur les anciennes familles du canton de Poix ; la mort est venue le frapper au moment où il se préparait à publier les documents qu'il avait recueillis ; toutefois, le fruit de tant de travaux n'est pas entièrement perdu. L'abbé Pouillet a fait paraître Bn l'année 1856, une brochure in-8° de 87 pages, intitulée : Éphémérides pohières ou Calendrier du canton de Poix, contenant un fait historique pour chaque jour de l'année. Après sa mort, ses manuscrits sont devenus la propriété de son collaborateur et ami, l'abbé Martin, membre de la Société des Antiquaires de Picardie, anciennement curé de Courcelles-sous-Moyencourt, et aujourd'hui du Pont-de-Metz, près Amiens, à l'obligeance duquel nous devons des renseignements précieux que nous avons utilement consultés dans le cours de cette Histoire généalogique.

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2.- Opinion de l'abbé Pouillet sur les premiers seigneurs de Poix du nom de Tyrel.

"Je suis porté à eroire que les Tyrel, qui furent princes de Poix, étaient Normands, et qu'ils devinrent maîtres de Poix après en avoir chassé les anciens possesseurs à l'époque de l'invasion normande. Les rapports qu'ils eurent, assez fréquents même, avec les ducs de Normandie, m'engagent fortement à admettre cette idée. Je les vois assister à la conquête d'Angleterre sous Guillaume, duc de Normandie, et Tyrel est inscrit sur les anciennes listes des conquérants de l'Angleterre, d'après une charte conservée au monastère de St-Martin de la Bataille ; il eut part à la distribution des terres qui furent les fruits de la conquête. Dans la donation faite en 1118, au prieuré de Saint-Denis de Poix ; il est question. d'une dîme levée à Lavingaham, et sur laquelle Gauthier Tyrel IIIe du nom donne deux marcs d'argent, in Anglia ducas marcas argenti de decirna Lavingaham. Gauthier Tyrel IIe du nom vivait à la cour d'Angleterre intimement lié avec le roi Guillaume le Roux, et ce fut lui qui, dans une chasse, perça ce prince d'une flèche dirigée contre un cerf qu'il voulait abattre. Les Tyrel conduisirent leurs hommes d'armes à la guerre d'outre-mer ; les Pohiers ou habitants de Poix firent partie des troupes qui marchèrent avec Guillaume de Normandie ; l'armée était divisée en trois colonnes d'attaque et ils se trouvaient à la première près des gens d'armes venus des comtés de Boulogne et de Ponthieu. "


3. - Notes sur MM. Dumont de Moyencourt père et fils.

M. Jean-Antoine Dumont, né le 13 août 1773, et décédé le 21 mars 1845, et M. Antoine-Charles-François Dumont, son fils, connu sous le nom de baron de Moyencourt, né le 3 août 1826, et tué dans l'insurrection de Palerme (Italie),225 en septembre 1866 (1), étaient le premier, fils, et le second petit-fils, de Jean-Louis-François Dumont, qui, par contrat de mariage du 18 mai 1771, avait épousé JeanneAntoinette de Moyencourt, fille et unique héritière de Jean de Moyencourt, écuyer, sieur de Vertain, receveur des finances en l'élection d'Arras et d'Anne Dupré demoiselle de Vertain, près Aubigny, en Artois. (1) Annuaire de la Noblesse de France, pour l'année 1867, p.337.Devenu receveur des finances en l'élection d'Arras, après la mort de son père, M. Jean-Louis-François Dumont vendit cette charge par acte du 19 octobre 1785, moyennant quarante mille livres, puis il s'associa avec un armateur de Boulogne et fit deux fois le voyage des Grandes-Indes. En revenant de son second voyage, M. Dumont fut fait prisonnier par des pirates, et, pour avoir sa liberté, il fut obligé d'abandonner la moitié du navire qu'il possédait en commun, ainsi que toute la cargaison qu'il contenait; à son retour en France, on était on pleine révolution, et il fut massacré à Paris, en janvier 1793 (2). (2) Note, de M. Dumont de Moyencourt fils.

MM. Jean-Antoine et Jean-François Dumont, qui ajoutaient à leur nom celui de leurs mère et aïeule, ont fait de grandes recherches sur la famille de Moyencourt, ainsi qu'on peut le voir par l'inventaire de titres et papiers de la famille de Moyencourt, qui sont rapportés plus haut.


4. - En mai 1229. Donation faite par Jean II de Conty et Ermangarde de Moyencourt, Sa femme, aux chanoines de l'église Saint-Antoine de Conty.

Dès 1229, Jean II, l'aîné des trois fils de Manassès II, avait remplacé son père dans la seigneurie de Conty. Au mois de mai de cette année, Jean II, chevalier, seigneur de Monty, du consentement d'Ermangarde sa femme et de Canassès son fils aîné, ainsi que de l'assentiment de ses autres enfants et amis, selon l'usage, donna et confirma aux 226 chanoines de l'église Saint-Antoine, tous les legs que ses ancêtres et d'autres fidèles avaient précédemment faits à la dite église pour le salut de leurs âmes. Ces legs comprenaient l'église du bienheureux saint Antoine de Conty avec ses dépendances; la moitié de Fleury en terres, habitants, prés, pâturages, marais, excepté la réserve de prairie dans laquelle le seigneur de Conty avait son vivier, des bois considérables avec plein pouvoir pour les chanoines de les défricher on de les vendre, sans avoir à redouter aucun contrôle de la part de Jean II et de ses héritiers. (Extrait de l'histoire de Conty, p. 34 ; - Daire, Doyennés, page 2, manuscrit.)

5. - Du 22 avril 1378. Acte de rachat de Jean III Tyrel, sire de Poix, prisonnier des Anglais.

Charte en parchemin du 22 avril 1378, par laquelle appert une assemblée convoquée par l'abbé de l'église de Sainte-Berthe-de-Blangy, des alliés et amis du fils du seigneur de Poix, qui sont : Hue de Chatillon, le seigneur de Frianville, le seigneur d'Equennes, vicomte de Poix, les seigneurs de Fontenay, de Vuymeu, de Séchelles, Payen de Mailly, le sire de Huilloy, les seigneurs de Follemberg, d'Ococh, de Frianville, de Gouy, d'Humières, de l'Aigle, de Saint-Robe, de Famechon, de Regnauville..... tous cousins et amis du sire de Poix en laquelle a été exposé que le seignenr de Poix, qui fut pris en guerre par les Anglais qui l'ont livré aux mains de gens sans pitié pour créature humaine, par l'espace de quatre ans, et est rudement mené, le mettant dans des fosses et le faisant souffrir beaucoup pour avoir rançon plus forte quatre fois que tout son bien ne pourrait payer, et pour y parvenir le menaçant de la mort, et faisaient semblant de le faire mourir. Pour quoi éviter s'est rançonné envers eux de neuf mille florins francs pour parvenir au paiement de laquelle somme ; lesdits susnommés et autres assemblés à Hesdin, ont décidé que chaque chevalier payerait cinquante francs 227 d'or, les chevaliers compagnons vingt francs, les chevaliers bacheliers dix francs, les écuyers de cent livres de terre, cinq francs d'or, et les écuyers au-dessous de cent livres à leur volonté. La dernière solde de cette rançon fut acquittée le 23 novembre 1380. (L'abbé Pouillet, manuscrit.)

6. - En 1402. Aveu et dénombrement fournis par Jean V Tyrel, sire de Poix, à Charles VI, roi de France, dans lequel on lit ce qui suit :
...
Item, la ville et banlieue de Poix, tout ainsi qu'elle s'étend et comporte en laquelle banlieue, et situé plusieurs villages.
C'est à savoir la ville d'Eplaissier, le Croix Raoult et les nones. Pour lesquelles villes et banlieus, me est du par an à plusieurs termes, pour plusiefurs masures, terres aux champs et marres et cens d'argent le somme de six vingt huit livres ou environ.

Item, à cause desdites masures me est deu, au terme de Noël trois cent dix cappons ou environ; cent et cinquante poules ou environ: quatre cent et soixante pains ou environ.

Item, au terroir de ladite banlieu, j'ai quatre pièches de bos, l'une nommé le Bos du Parc, et dans lequel bos est garenne anchienne.

Item, la ville d'Eplaissier et de le Croix Raoult pour cause de plusieurs terres qui sont à fief, et qui sont tenus de moi à Campart, me est deu par an seize mines de grain tant blé comme avoine, mesure de Poix.

Item, en les dites villes pour plusieurs terres aux champs, tenus de moi à cens d'argent me est deu par an neuf cent vingt mines de blé, douze mines d'avoine ou environ au terme de Saint-Remy.
Item, que eux qui ne poulent vendre vin, ni venir enlever en ladite ville et banlieue qui ne me donne cinq sols pour une fois seulement 228

Item, tous mes hotes, sujets de Poix et ailleurs, qui qu'ils nourrissent bête à laine, me doivent herbages vif et mort tel qu'il est accoutumé.

Item, tiennent de moi les maires et échevins de ma ditte ville de Poix et banlieue la loi d'icelle ville en laquelle ils ont cloque, banlieue, beffroy, que mune prison, et plusieurs cas de basse justice de quoi ils connaissent et sont juges des héritages situé en ladite banlieue, et ont lesdits maire, échevins, de tout ce qui ont ils le tiennent de moi, et leur fut baillé par mes devanchiers, seigneurs de Poix si qui poeult appartenir par les chartes et fondations des dits maires et échevins par lesquelles ils me doivent plusieurs et par estat si je etait prins et guerre du roi notre sire, ils me doivent soixante livres, et si je faisais mon fils aîné chevalier, ou si je mariais ma fille aînée à chacun, lesdits maires et échevins me deveraient soixante livres, ils sont aussi obligés de présenter homme vivant et mourant avec soixante sols de relief.

Item, je puis aussi mener les bourgeois de Poix et de banlieue ou m'en bailly aussi, pour mon honneur et pour m'aider en temps de guerre, pourvu qu'ils puissent revenir le même jour coucher, en leur maison, à moins qu'ils ne consentent spontanément à un délai plus long. Ces mêmes hommes sont tenus à quarante jours de service pour l'Etat tous les ans.

Item, les dits maires et équevins doivent être à mais plais à Poix tous les quinze jours, mais qu'ils soient sous m'en juge avecques les hommes liges de ma ditte terre et doivent contribuer aux jugemens qui se font en madite cour.
Tous les hommes de ma terre doivent donner aveu et dénombrement de tous leurs propriétés à moi ou à mes préposés. Ils doivent, en outre, droit de relief d'hoir à mutation tels que deux sols six deniers, et le treisième denier, un cas de vente, ventrolle si la vendition a été faite franc denier avec droit de mort vif héritage, forage, 229 afforage, bannalités des fours, et moulins et tous les autres droits portés par la coutume du bailliage d'Amiens.
Pour le champart, ils ne peuvent enlever les grains qui ont crues sur leurs terres, sans m'avoir préalablement appelé, ou mon commis pour choisir et prendre mon droit, et l'ayant choisi et marqué, ils seront tenus de le mener et conduire en ma grange champarteresse, sous peine do dix sols pour amende, le tout porté par ladite coutume.

Item, à moi le droit de travers on peage appartenant dans l'étendue de Poix, de Blangy et de Croix Raoult.
..................................................................................
" Item pierre de Moiencourt tient de moy ung fief situé et assis en la ditte ville et terroir dudit lieu de Moyencourt comme son manoir et les appendances, et lui se étend en plusieurs masures en bos en cens d'argent campart en grains tant bled comme avoine en chappon et autres droits et tout ce qui est dessus dit est : - Item tient de moy ledit Pierre par homage de parrie par X livres de relief et droit les aydes et services tel que le par doivent à la coustume de la chastellerie de Poix."

Copie textuelle, faite par M. 1'abbé Pouillet, d'après l'acte en parchemin qui se trouvait au château de Moyencourt, et communiqué par M. Bubois, adjoint de la commuue de Croixrault (Somme.)


7. - Du 17 octobre 1567. Accord fait entre Charles de Moyencourt, écuyer, seiqneur dudit lieu, et Philippine d'Aumalle, veuve de Jean dit Hector de Moyencourt, écuyer, seigneur de Wadancourt, etc.

Sont personnellement comparus : Charles DE MOYENCOURT, escuyer, seigneur dudit lieu, d'Arguèves et de Lenglantier, et de Wadancourt, de présent estant à l'hostel seigneurial dudit Moyencourt, d'une part;
Et damoiselle Philippe D'AUMALLE, veufve de feu Hector 230 DE MOYENCOURT, en soàn vivant escuier. seigneur dudit Wadancourt, aussy demeurant audit Moiencourt, d'auttre part, et ont recognu lesdits seigneur et damoiselle par bon advis, et après avoir faist accord ensemble par forme de transaction pour les causes cy après déclarées, de la manière quy en suit. C'est à savoir moyennant ce que ledit seigneur de Moiencourt a consenty et accorddé, consent et accorde que ladite demoiselle Philippe d'Auhmalle, veufve dudit feu seigneur de Wadancourt, son fils, ayant droit de prendre a son proffit tous les biens moeubles délaissés après feu seigneur de Wadancourt du jour de son trespas, et quy estoient communs entre luy et ladite damoiselle Philippe d'Auhmalle, sa femme, ainssy et selon qu'il est portté à l'inventaire de ce faist, par moy, notaire, sous signé comme bailly de Moiencourt ; en la présence de notre greffier, icelle damoiselle a déclaré et déclare quelle le quitte et quitte au profit dudit seigneur de Moyencourt toute la part et portion de mœubles quy luy pouvoit appartenir, et quelle avait acquis par droist de comunaulté avec ledit feu seigneur de Wadancourt, son mary, des biens mœubles audit soigneur de Moyencourt, appartenant, suivant la donnation faiste par ledit seigneur Charles do Moiencourt, audit feu seigneur Hector, son fils, de tous les biens mœubles selon qu'il est portté par les....... de ce faistes et passées pardevant ledit notaire.
Le............... jour de juillet l'an mil cinq cent soixante-sept, dont est apparu au notaire tesmoings cy-après nômmés, sans en ce que dessus lesdits seigneur et damoiselle respectivement puissent cy après quereller et demander aucune chose, lien à lauttre, le tout sans préjudice à ladite damoiselle cy après ; d'approfondir les dons et legs que luy pourroit avoir faist ledit seigneur de Wadancourt, son mary, s'y seulement il y a. Auquel cas, le présent accord demoureroit de nul effet de valeur, et ledit seigneur de Moyencourt en entier se soustenir ses droit, le tout sans toucher a la chambre estorée de ladite damoiselle, pour laquelle elle demeure en son entier ainssy quelle luy a déja adjugée par les arbistres ausquels ils se sont volontairement et mutuellenent submis ...................................
........................................................
Damoiselle demœure quitte et deschargée de touttes et chacune les dettes en quoy elle pourrait estre tenue et 231 redevable envers quelque personne ou par fonds, et pour quelque cause que soit ou puisse estre à cause de fonds droits de communaulté, desquels ledit seigneur de Moyencourt s'est chargé et charge touttes les dettes deubes audit feu seigneur Hector de Moiencourt et à ladite damoiselle au jour de sondit trespas, demourant au profit dudit seigneur Charles de Moyencourt, sans que ladite damoiselle y puisse plus prétendre, demander ni réclamer a aucun droist, et encore et le tout sans toucher les droits de douaire, et de l'apport et habillement et joiaux de ladite damoiselle, selon qu'il est portté en son contrat de mariage, lequel pour ce demoure en son plein et entier effet promet, et ledit ce.......................... tenir entretenir...................obliger l'un envers l'aultre tous leurs biens, terres et seignouryes.
Faist et passé à l'hostel seignourial dudit Moiencourt, le dix_septième jour d'octobre, l'an mil cinq cent soixante-sept, pardevant Anthoine Dehodencq, notaire roial au bailliage d'Amyens.
De Bauvoisis, Claude de Hames, sieur de Grosnoy, présence, Simon de Hodencq greffier dudit Moyencourt, Adrien du Tillon et Jehan Crignon, demeurant audit Moyencourt.
Signé : De Moyencourt, Daumalle, C. Dehame, Adrien du Tillon, Dehodencq, Dehodencq.
L'an mil huit cent soixante-six, le seize octobre, collation des présentes a eté faite par M. Pierre.François-Marie-Henri-Edouard-Philogone Jumel, notaire à Poix, chef-lieu de canton (Somme) soussigné, sur la minute des présentes se trouvant en sa garde et possession.

Signé JUMEL.


8. -Du 7 mai 1607. Transaction passée entre Claude Ier du Chastelet et Marguerite du Chastelet sa soeur, veuve de Jacques Trudaine, écuyer, seigneur de Saint-Romain.

Comparut en sa personne damoiselle Marguerite du Chastelet, veuve de feu Jacques Trudaine, écuyer, seigneur de Saint-Romain, faisant de présent sa demeure au lieu et 232 paroisse de Moyencourt, et Mr Claude du Chastelet, écuyer, son frère, seigneur de Moiencourt, fait un accord pour le payement d'une somme à elle due.......................
Ladite somme, due à Marguerite, était de cinquante écus d'or au soleil, pour la vente de sa part dans la seigneurie de Moyencourt.
Moyennant la somme déjà à elle payée lors de son mariage et les arrangements intervenus depuis, Marguerite s'engage à ne plus troubler son frère ni ses enfants dans la jouissance de la seigneurie de Moiencourt.

  Fait et passé à Moiencourt, Le 7 mai 1607.  
 
Signé :

DUCHASTELET,
DE BIEUZE,
ET DE HODENCQ, notaire.
Dumont de Moyencourt, manuscrit.


9. - Note sur l'ancienne église de Moyencourt, qui tomba en ruine en 1691.

Le vingt-neuvième jour du mois de mars 1691, sur les huit heures du soir, est tombée la muraille du côté du jardin du logis, qui était fardée depuis là chapelle de la Vierge jusqu'au clocher, et cependant il n'y a eu personne de tué, quoiqu'il y ait eu plus de soixante personnes à travailler dans l'église pour ôter les matériaux, et plus de trente hommes qui se sont trouvés enveloppés sous ses ruines. Ils travaillaient tous à étayer la porte du milieu, qui a fondée t-eut d'un coup avec la muraille et le comble. Il n'y a eu que Pierre Cailleux, qui était en haut de la poutre; qui a eu le bras cassé Nicolas Boullenger, l'épaule démise; Adrien Martin, quelques côtes fracturées, et quelques autres 233 légèrement blessés. Ce que j'ai bien voulu ici remarquer, en reconnaissance le la protection que nous avons reçu du ciel car de toutes les personnes que nous étions dans ces débris, il n'en aurait pu échapper une seule si la divine Providence, par une faveur particulière, ne nous eût conservés, car l'accident à été si imprévu et si prompt que nul n'a pu s'échapper qu'après la ruine totale.
Signé : Le Roux, curé.
(Extrait du registre des actes de baptêmes de la paroisse de Moyencourt, pour l'année 1691.)


10. - Tablettes généalogiques de la noblesse d'Artois, de Flandre, de Hainault et de Cambresis.

CHASTELET (Du). - Cette famille, originaire de la terre du Chastelet, près d'Aire, a été maintenue par l'intendant Bignon, le 11 janvier 1706, sur preuves établissant la filiation depuis Jacques du Chastelet, écuyer, seigneur dudit lieu et de Coulomby, capitaine d'Oisy en 1460. Claude du Chastelet, chevalier seigneur de Moyencourt, Lentilly, Fresnière, etc., est qualifié haut et puissant seigneur dans le contrat de mariage en date du 25 septembre 1622, de son fils Claude, qui fut chevalier de l'ordre du roi et gentilhomme ordinaire de sa chambre. Alliances : Belleforière, Caumesnil, Conty, Fléchin, La Chaussée, Moyencourt, Presteval, Proissy, etc.
ARMES : De gueules à la fasce d'argent, accompagnée de trois tours d'or.

Extrait de l'Armorial d'Artois et de Picardie, généralité d'Amiens, par M. Borel d'Hauterive, archiviste paléographe, Paris, 1866, in-40, p. 434.

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11. - Notes de l'abbé Pouillet sur la famille de Moyencourt.
On trouve à Conty une famille du nom soit de Moyencourt, soit de Demoyencourt ; serait-ce quelque branche de celle qui posséda autrefois la seigneurie de Moyencourt?
Nous laissons juges des hommes plus capables que nous.
Voici un commencement d'acte qui a rapport à ceci :
Entre Alexandre-François de Mareuil, chevalier, seigneur de Contre, Louis-Hector de Mareuil, chevalier, et Yolande de Mareuil, tous trois enfants héritiers de dame Marie Yolande de Conty, qui fut fille et héritière de M. Jean-François de Conty, et de dame Agnès de Goussancourt et cessionnaires du sieur François-Joseph de Moyencourt, sieur de La Horbe, demeurant à Vellennes, suivant le contrat du (18 juillet 1754. (Manuscrit et Archives du château de Luziéres-lès-Conty (Somme.)

12. - Actes concernant Messire François-Joseph DE MOYENCOURT, écuyer, seigneur de La Horbe, du Quesnoy, de Rûne et du Coudray, garde de la porte du roi et officier militaire de la maison de Sa Majesté.

Par acte passé au château de Luzières-lès-Conty, le 1er décembre 1746, devant Me Louis Lequin, notaire à Conty, il est fait une constitution de 50 fr. de rente annuelle et perpétuelle, pour et au profit du sieur François-Joseph de Moiencourt, par dame Marie-Angélique Fillieux, veuve d'honorable homme Jean-Baptiste-Nicolas Boulenger du Hamel, vivant seigneur de Luzières, Saint-Vrain, Obrillé et autres lieux, à cause d'elle, aussi honorable 235 homme Jean-Baptiste-Nicolas Boulenger du Hamel, ancien garde du roi, fils aîné desdits sieur et dame, et dame Marie-Françoise Fouache de Boullan, son épouse, demeurant en la ville d'Amiens et étant alors présents en leur château de Luzières-lès-Conty. La présente rente et constitution a été faite moyennant la somme de 1000 fr. que ledit sieur de Moiencourt acceptant a payés et délivrés audits sieur et dame constituants. (Titre sur timbre, coté 10 aux Archives de Luzières, et délivré par Me Louis-Pierre-Couturier, notaire à Conty (Somme), gardien de La minute.)


13. - Par autre acte passé devant M Charles-François Lequin, notaire à Conty, le 30 avril 1770, messire Jean-Baptiste-Nicolas-Joseph Boulanger, écuyer, seigneur du Hamel, Luzières et autres lieux, lieutenant de la maréchaussée générale de Picardie, demeurant en la ville d'Amiens, paroisse de Saint-Michel, et nommé ci-dessus, a fait une constitution de 400 livres de rente annuelle et perpétuelle payable chaque année à pareil jour (30 avril), pour et au profit du sieur François-Joseph de Moiencourt, écuyer, sieur de La Horbe, garde de la porte du roi, demeurant ordinairement à Vellennes. La présente constitution est faite moyennant la somme de 2000 fr., que ledit sieur de Moyencourt paya comptant. (Titre sur timbre, coté 11, aux Archives de Luzières et délivré par Me Prosper-Auguste Magnier, notaire à Conty, gardien de la minute.)

14. - Acte par lequel le sieur Francois-Joseph de Moyencourt, écuyer, seigneur de La Horbe, etc., fit don, en 1781, de bois cloches à l'église Saint-Christophe du village de Vellennes (paroisse de Frémontiers.)

Voici leur acte de baptême avec leurs inscriptions :
L'an 1781, le 23e jour de décembre, eu vertu de la permission 236 à nous accordée par M. de Douay des Daymer, vicaire général et archidiacre d'Amiens, lors de sa dernière visite, par nous prêtre curé de Frémontiers, assisté de M. Warmé, chapelain de Vellennes, y demeurant, annexe de ladite paroisse de Frémontiers, ont été bénites trois cloches en la chapelle dudit Vellennes, données à ladite chapelle par messire François-Joseph de Moyencourt, écuyer, seigneur de La Horbe, du Quesnoy, de Rhûne et du Coudrai, officier militaire de la maison du roi, dont la plus grosse a eu pour parrain le sieur Nicolas de La Saulx, fils représentant ledit sieur de Moyencourt, prévenu par sa mort, Et damoiselle Geneviève-Françoise-Joséphine Froment, fille du sieur Louis-Florimond-François Froment, ancien capitaine, exempt de la prévôté de l'hôtel du roi, ancien seigneur de Gauville ;
La moyenne a eu pour parrain le sieur Louis-François-Firmin Froment, chevalier, seigneur du Rot, du Gard, d'Ozenneville, du Quesne et des Rameaux, président trésorier général de France au bureau des finances et chambre des domaines de la généralité d'Amiens, Et demoiselle Louise-Marie-Magdelaine-Françoise, sa fille;
La troisième, le sieur Louis-Florimond-François Froment de Gauville susnommé, Et damoiselle Louise-Sophie Froment, demoiselle d'Elles de Froment, Meante en partie, et La Pré, fille dudit sieur Froment du Rot.
Et ont lesdits parreins et marreines, nommés chacune pour leur partie la plus grosse cloche, Geneviève-Françoise-Joséphine; la moyenne, Louise-Marie-Mag.-Françoise ; la petite, Louise-Sophie ; signé aux registres :
Charles Argex, Delacourt et Bouchez, curé. (Etat civil de la commune de Frémontiers, an 1781, et acte sur timbre coté 12 aux Archives du château de Luzières.)

15. - Acte de décès du sieur François-Joseph de Moyencourt, écuyer, seigneur de La Horbe, du Quesnoi, de Rûne et du Coudray, officier militaire de la maison du roi, 237 décédé en sa maison de Vellennes le 11 avril 1781, âgé de quatre-vingt-huit ans et fut inhumé en présence des sieurs Pierre-Florimont-François Froment, écuyer, capitaine, ancien exempt de la prévôté de l'hôtel du roi, et Louis- Firmin Froment, chevalier, seigneur du Rot, du Gard, Ozenneville, du Quesne et des Rameaux, président-trésorier général de finance au bureau des finances et chambre des domaines de la généralité d'Arniens, tous deux neveux dudit défunt, qui ont signé avec Bouchez, curé. (Etat civil de Frémontiers, an 1781, et acte sur timbre coté 13, aux Archives du château de Luzière.)

16. - Notes historiques et généalogiques sur les anciens seigneurs de Vers, et du fief de Lentilly, sis paroisse de Vers-Hébécourt, prés d'Amiens (Somme).

LENTILLY, connu dans les anciens actes et titres sous les noms de Lanthagilliaco (Xe siècle), Lanthailliaco en 1045, Lantholliaco en 1093, Lanthelliacus en 1128, Lanthilliacum eu 1171, Lanthelliacum en 1196, Lantilliacurn en 1233, et Lantilliacus en 1306 Lanthailli, Lanthelli, Lanthilly, Lenthelli, Lentelli, Lentilli et enfin Lentilly, était jadis l'un des dix fiefs situés dans l'ancienne paroisse de Vers.
Ce fief, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, consistait en un domaine, avec château bâti sur les bords de la rivière de la Selle (Salla), entouré de murs et de fossés d'eau vive alimentés par la rivière ; ces fossés ont été en partie comblés et les murailles détruites. Ce château avait un grand parc planté en bois, dont il reste encore une partie (1) (1) Cette partie de bois conservée appartient aujourd'hui à M. Jean-Baptiste Il de Moyencourt, chef actuel de la cinquième branche de sa famille. avec des jardins d'agréments et potagers ;238 le tout était entouré en partie par des murailles qui existent encore et en partie par les eaux de la Selle.
On entrait dans ce manoir on traversant un pont-levis, dont la porte d'entrée, très-solidement construite, existe. encore aujourd'hui; elle est en arc plein-cintre, et défendue par plusieurs meurtrières. Au-dessus de cette porte, on voyait jadis les armoiries de la famille de Moyencourt, lesquelles furent effacées en 1793.
Le fief de Lentilly avait la moyenne et basse justice dans son ressort, et était tenu du chapitre de l'église Notre-Dame d'Amiens, moyennant une redevance annuelle de 12 livres 15 sous.

Le premier possesseur de ce fief, fut Adelbert (Madalbertus), premier seigneur connu de Vers,
qui vivait en l'an 551. Il fut père d'Emilian, aussi seigneur de Vers et de Lentillv, qui vivait on 582. Celui-ci eut pour fils Adalbert ou Hadalber (Hadalbertus), seigneur de Vers, de LentiIlv, puis de Bacouel (Bacoelum), du chef d'Hilde, sa femme, dame de Baccoë (sic), qui vivait en 611. Adalbert eut trois fils:
1er Saint-Hildevert, qui devint le 25e évêque de Meaux en 672; mort au village de Vignely, le 27 mai 680.
2e Firmin, qui suivra.
3e Hadalbert, seigneur de Bacouel, en 646.
Firmin, seigneur de Vers, de Lentilly, puis du Montbard (Mons Bardus), du chef de Clotilde, sa femme; il vivait de 646 à 690.
La postérité de Firmin a conservé la seigneurie de Vers jusqu'en 1118, époque à laquelle Hildebaud, chevalier, dernier seigneur de Vers de la race de Saint-Hildevert, la céda à son oncle maternel, Enguerrand de Boves, 37e évêque d'Amiens.
Hildevert VIIe du nom, 13e seigneur de Vers et de Lentilly, qui vivait de 989 à 1016, donna Lentilly à Raoul, son 2e fils. La postérité de ce dernier conserva ce fief 239 jusqu'en 1365, époque où mourut Gui IV de Vers, chevalier, seigneur de Lentillv, des fiefs d'Aumoise et de Lozières, qui ne laissa qu'une fille nommée Yolande de Vers, laquelle porta ces fiefs dans la famille des Essarts, par son mariage avec Jacques des Essarts, chevalier, sire de Boyon et de Viller.
Armes de Vers (famille de Saint-Hildevert) : De sable, à la bande d'or.
Le domaine de Lentilly, passa, après les des Essarts, aux familles d'Ajeux, d'Inval, du Hamel, de Villepoix, puis aux Lucas. L'un d'eux, Antoine-Jean Lucas, seigneur de Lentilly, conseiller du roi en sa cour du Parlement de Paris, vendit les fief et domaine de Lentilly, par contrat passé à Paris, le 19 juin 1696, signé Bono et Caron, notaires, à messire Jean de Moyencourt (voyez plus haut, page 120), dont les descendants habitent encore aujourd'hui les restes de cet ancien manoir. (Extrait de l'histoire de la commune de Vers-Hébécourt (1), manuscrit de 260 pages, à la Bibliothèque de l'Auteur.)

(1) L'Histoire de Vers Hébécourt contient : Sa description. - Son ancienneté. - Ses antiquités. - Ses anciens souterrains. - Ses noms anciens, latins et français. - Son origine. - Ses anciennes églises, ses chapelles, sa maladrerie, son prieuré - La fondation de église actuelle, sa description, ses cloches. - Notice sur Saint-Remi, patron de Vers. - Notice, vie et miracles de Saint-Hildevert, aussi patron de Vers. - La généalogie de la famille de Saint-Hildevert, dont les membres ont possédé la terre de Vers, de 551 à 1118, et le fief de Lentilly Jusqu'en 1365. - Faits historiques passés à Vers, de 551 à 1790. - Châteaux dans la paroisse de Vers. - Anciennes justices de Vers. - Seigneurs de Vert. - Anciens fiefs de Vers, savoir : Aumoise, Baimont, Cary, Hébécourt, La Mairie, Lentilly, Lozières, le Quesnel, Valopuy et Vauselle. - La liste de tous ces seigneurs fieffés. - La chronologie des Prieurs du Prieuré de Saint-Hildevert, avec la liste des Curé, de Vers, des Vicaires d'Hébécourt, des Maires et Adjoint de Vers. - Chartres, Preuves, etc.

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17. -Souvenirs du concours régional de Rouen. (Suite et fin.)

Comme vous l'avez vu, l'Empereur a été généreux pour Rouen; sur cinquante nominations, trente appartenaient à la ville même. Caen a eu une part dans ces largesses, et tout le monde y a accueilli avec une vive satisfaction la nomination de M. Emile Valembourg comme chevalier de la Légion d'honneur. Les services gratuits et désintéressés qu'il a rendus depuis près de vingt ans à la Société des courses de Caen dont il est aujourd'hui le principal commissaire, l'influence décisive qu'il a exercée sur la prospérité de ces solennités qui ont rendu célèbre l'hippodrome de Caen, enfin ses connaissances spéciales qui l'ont fait appeler comme commissaire dans toutes les grandes expositions hippiques, tout se réunit pour justifier la récompense qui est venue chercher M. Valembourg. Aussi ce ne sont pas seulement ses amis, mais tous ceux qui ont quelque souci de nos courses qui s'en sont réjouis.
(Extrait du Moniteur du Calvados, du 10 juin 1868.)


18. - Conseil général du Calvados, session de 1868. Rapport de M. le Préfet. - Encouragements pour l'amélioration de l'espèce chevaline.

J'ai l'honneur de vous proposer de renouveler, au budget de 1869, la subvention de 52,600 fr. que vous avez Votée 241 l'année dernière, à titre d'encouragement pour l'amélioration de l'espèce chevaline … 52,600
Les allocations des villes, celles des sociétés hippiques et du chemin de fer de l'Ouest, se sont élevées en 1867 à … 98,425
Et les subventions dues à la libéralité de la maison de l'Empereur et à la bienveillance de
la direction générale des haras, ont atteint également en 1867 le chiffre de … 189,937
TOTAL … 340,962
Si on ajoute à cette récapitulation le montant des achats d'étalons faits dans le département
pour la remonte des haras, qui n'a pas été, en 1867, moindre de ... 306,500
On trouve que la somme totale des encouragements dont l'industrie chevaline a été l'objet sous toutes ses formes, s'est élevée pendant une seule année à … 647,462
Cette branche de l'agriculture continue, vous le voyez, Messieurs, grâce surtout à la haute et infatigable bienveillance de S. Exc. le général Fleury, grand-écuyer, d'occuper une place considérable dans la dispensation des ressources affectées au développement progressif et continu des œuvres d'intérêt public.
A l'occasion du concours régional de Rouen, le gouvernement de l'Empereur a d'ailleurs montré son empressement à reconnaître les services désintéressés et dévoués rendus à l'industrie chevaline; car parmi les membres des jurys du concours agricole et du concours hippique, appelés à recevoir de la main de Sa Majesté la décoration de la Légion d'honneur, nous avons eu le bonheur de voir figurer M. Emile Valembourg, commissaire des courses de Caen et secrétaire des concours de dressage, qui, depuis dix ans, prête à l'Administration, en cette double qualité, le concours de son zèle et de ses lumières.
(Extrait du Moniteur du Calvados, du mardi 25 août 1868.)

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19.- Du 6 avril 1868. Acte par lequel M. Alfred de Moïencourt est reconnu chef de toutes les branches de sa famille.

Nous, soussignés :
Jean-Louis-Natalis DE MOYENCOURT, propriétaire à Clairy, âgé de 83 ans, et membre du conseil municipal de ladite commune;
Jean-Baptiste-Eloi DE MOYENCOURT , demeurant à Namps-au-Val, âgé de 66 ans;
3° Et Jean-Baptiste DE MOYENCOURT, propriétaire et membre du conseil municipal, demeurant à Vers-Hébécourt, âgé de 51 ans;
Déclarons, par les présentes, reconnaître M. ALFRED DE MOYENCOURT, propriétaire au château de Luzières-Ies-Conty, comme chef de toutes les branches de la famille de Moyencourt.
Fait à Namps-au-Val, le 16 avril 1868.
Signé: De Moyencourt, de Moyencourt et de Moyencourt. (Acte sur timbre aux Archives du château de Luzières-les-Conty (Somme.)


20. - Chapelle Saint-Martin et Saint-Montan, fondée dans le cimetière de la ville de Conty, par M. ALFRED DE MOIENCOURT, chef du nom et des armes de sa famille.

Le dimanche 11 octobre 1863, a eu lieu, à Conty, la bénédiction de la chapelle du cimetière de cette importante commune; cet édifice, de style roman, a été construit aux frais de M. de Moiencourt, propriétaire du château de Luzières, annexe de Conty. Il surmonte un caveau funéraire destiné à la sépulture des membres de la famille du fondateur. Le cimetière, qui aujourd'hui est à l'usage de Conty, 243 est celui de l'ancienne paroisse de Saint-Martin et Saint-Montan, sous les vocables desquels a été consacrée la nouvelle chapelle. M. de Moiencourt a fait don à la commune de Conty du terrain qui environne sa chapelle, ainsi que d'une entrée fermée d'une grille sur le chemin de Tilloy; il laisse aux habitants l'usage de la chapelle, en s'en réservant jusqu'à présent la propriété.
M. Herbault, architecte à Amiens, a tiré un excellent parti du terrain qui, par sa disposition en amphithéâtre, était très-convenable pour faire valoir un édifice; dans le bas, il a établi le caveau funéraire de la famille du fondateur, en forme de crypte ou de catacombe; dans le haut, il a assis la chapelle sur une terrasse bordée d'un garde-corps en fer bien ouvragé et arrêté par deux acrotères en pierre surmontés de fleurons. Cette terrasse est accessible de chaque côté par deux rampes en fer à cheval, bordées de murs de soutènement et de talus gazonnés. L'arc d'entrée du caveau en plein cintre, sans pieds droits, porte sur sa clef la croix. qui, dans toutes les parties de l'édifice, prend les formes d'ancrée, de pattée, de tréflée, de fleuronnée, etc.
La grille d'entrée de ce caveau présente de superbes enroulements et est surmontée du Christ en croix. Elle a été exécutée, ainsi que les autres ouvrages de serrurerie, par M. Hanot, d'Amiens. La voûte de l'intérieur est surbaissée pour faciliter sur les murs latéraux le placement de deux bas-reliefs dans lesquels le ciseau habile de MM. Duthoit retracera d'un côté la Mort, et de l'autre la Résurrection.
Sur le tympan du fond, la croix est accompagnée d'arabesques légères, peintes en bleu.
Le seuil, ainsi que celui de la chapelle, est en pierre bleue d'Ecaussines, le pavé est en asphalte bleu et noir, formant des compartiments,
La chapelle est en style roman auquel M. Herbault a su donner un caractère grave et éminemment religieux, sans exclure l'harmonie des proportions dans l'ensemble et l'élégance dans les détails.244
La baie carrée de l'entrée est déchargée par un arc en plein cintre à deux rentrants, soutenus par des colonnes. Leurs chapiteaux à tailloirs carrés garnis de perles avec volutes et feuilles sur la corbeille, sont très-remarquables, ainsi que l'ornementation du tympan de l'arc de décharge. L'archivolte est formée de billettes, de tores chevronnés et de pointes de diamant.
La menuiserie est l'œuvre de M. Ledieu, d'Amiens; il a fait la porte en chêne verni, percée d'ouvertures fermées par des vitres et des enroulements en fer. Au-dessus est une rose ou oculus, encadrant un quatre-feuille. Cette rose est répétée à la façade postérieure de la chapelle. Le pignon est coutenu par une arcature à cinq divisions. Les ancres de fer en forme de croix qui enchaînent la charpente à la maçonnerie, sont apparentes, comme on le voit dans les anciens bâtiments.
La façade est parfaitement terminée par le clocher-arcade, capenard en picard. Il est décoré de colonnettes à ses angles et sous son arc en plein cintre. A sa base sont inscrites les dates de 1860 et 1863, époques du commencement et de la fin des travaux. La cloche à la voix argentine sort de la fonderie de M. Cavillier, d'Amiens. Son poids est de 52 kilogrammes, et néanmoins elle se fait entendre de loin. Elle a été baptisée le 20 septembre dernier, par M. le curé de Saint-Germain d'Amiens, elle a eu pour parrain M. de Moiencourt, et pour marraine Mlle Emilie Valembourg, de Caen, sa nièce.
Les côtés de la chapelle sont ouverts par trois fenêtres longues et étroites, selon le style ancien, reposant sur un bandeau arrondi, continu, séparées par des contreforts peu saillants. La corniche, dans leurs intervalles, est soutenue par quatre arcatures, et sa cymaise supérieure est portée par trois corbeaux de pierres moulurés.
Le frontal du cheneau laisse passer les ferrements délicatement découpés de ses équerres.
L'ardoise de la toiture est partagée en bandes longitudinales de deux couleurs. 245
Le long du faîte court une crête élégamment découpée, œuvre de M. Belette, plombier à Amiens.
Par derrière, les eaux de la toiture sont dégorgées par des conduites en fonte venant de Paris. Elles sont de forme octogone, munies en haut d'une cuvette, en has d'un dauphin.
La brique de bonne qualité vient de Conty; on a tiré les briques moulurées de Montières, près d'Amiens.
Leur parement est de diverses teintes, ce qui fait ressortir les caractères de l'architecture. Le chevet carré est décoré comme la façade.
La chapelle a dans œuvre 8 mètres de longueur sur 4 de largeur et 6 de hauteur .
Elle se compose de trois travées, voûtées d'arête en bonne pierre de taille bien appareillée, reposant sur des culs-de-lampe bien ornés. Des moulures doriques parcourent ses arcs doubleaux et ses nervures coupées à leurs intersections par des clefs en rosaces. Au-dessus de la porte, sur le tympan de l'arc de décharge, est sculpté le Saint-Esprit; au fond, dans le sanctuaire, est également sculpté le Christ en croix, habillé dans le style byzantin et imité de celui dit de saint Sauve, à la Cathédrale d'Amiens.
La tête de ce Christ a une très-belle expression et fait, ainsi que les autres sculptures, honneur à MM. Duthoit.
Le Père Eternel est représenté en verre de couleur sur la rose de la façade; à la rose du fond figure une imitation de la Vierge-à la Chaise dont le sujet a été indiqué par M. de Moiencourt. Ces vitraux coloriés et les grisailles des fenêtres sortent des ateliers de M. Bazin, peintre-verrier très-distingué, au Menil-Saint-Firmin (Oise).
Le pavé blanc de la nef et les marches, pour monter au sanctuaire, sont en pierres d'Eschaillon (Isère).
L'autel est en pierre blanche de Méry (Oise); son coffre, ou plutôt son sarcophage, est divisé par quatre colonnes en trois arcatures en plein cintre; la pierre est restée apparente; les fonds seulement ont été ornés d'arabesques légères, gravées en creux, colorées en bleu, animées par des 246 fleurs rouges et une dorure très-sobre. Ce décor de bon goût et les autres peintures ont été exécutés par M. Mécrain, de Conty.
Le tabernacle est ouvert par un arc trilobé surmonté d'un fronton dont le rampant est brisé; le retable est décoré d'un semis de rosaces. Les six chandeliers, la croix et la porte du tabernacle, avec imitation de peintures antiques, en cuivre verni, proviennent de chez M. Chertier, de Paris.
Cette chapelle, bâtie très-solidement, grâce aux soins apportés à la construction par M, Leroy-Digeon, entrepreneur à Amiens, figurera avantageusement parmi le très-petit nombre d'édifices de style roman que possède le département de la Somme. Il serait à désirer qu'un certain nombre de nos églises rurales fussent construites dans ce style simple, sévère et assez économique, en même temps qu'il a un caractère éminemment religieux.
M. Solente (1), (1) L'abbé- Solente (Louis-François), né le 29 janvier 1802, curé de la paroisse de Saint-Germain d'Amiens, depuis le 20 mars 1854, crée chevalier de la Légion d'honneur, par décret impérial du 31 décemhle 1866, en récompense du zèle remarquable dont il a fait preuve pendant l'épidémie qui a décimé la ville d'Amiens en 1866. (Note de l'Auteur.)
Cette date, qui réveille les souvenirs les plus douloureux, rappelle aussi de sublimes dévouements.
On lit dans l'Illustration: On sait avec quelle profonde gratitude fut accueillie partout la nouvelle de la longue et courageuse visite faite par Sa Majesté l'Impératrice à tous les hôpitaux d'Amiens.
Déjà, à l'occasion de sa visite à Amiens, l'Impératrice avait remis à madame Cornuau, femme de M, le conseiller d'Etat, Préfet du département de la Somme, une médaille particulière en souvenir du bien qu'elle accomplissait dans cette horrible crise, et l'Empereur a, depuis, accordé à M. Cornuau la plaque de grand-officier de la Légion d'honneur. Mais, pleins d'admiration pour un tel dévouement, les habitants d'Amiens ont voulu, de leur côté, témoigner leur vive reconnaissance à leur bienfaitrice, en lui offrant une médaille frappée en son honneur. Tout le département s'est empressé de s'associer à cette sympathique démonstration, et la liste des souscripteurs a compté bien vite quarante-deux mille signatures.
C'est le dimanche 26 août qu'a eu lieu à Amiens la remise solennelle de cette médaille à madame Cornuau.
RENÉ DU MERZER. (Illustration, septembre 1866. )
curé de Saint-Germain d'Amiens, assisté de M. Pipaut, chanoine titulaire de Notre-Dame et ancien doyen de Conty, de M. le doyen actuel, de plusieurs curés 247 du doyenné, ont béni cette chapelle en grande solennité le dimanche 11 octobre.
Malgré les menaces dn mauvais temps, une foule immense remplissait le cimetière, et une brillante procession était partie de Conty pour donner à la cérémonie tout l'éclat possible; mais la pluie a forcé de faire rapidement la bénédiction du lieu saint. Malheureusement elle a obligé M. le curé d'abréger sa remarquable allocution qui avait pour texte ce passage de l'Ecclésiaste, chapitre 44, qu'il développa parfaitement : Corpora sanctoum in pace sepulta sunt et ossa eorum vivent de generatione in generatioriem.
Le soir, un banquet offert par la famille de M. de Moiencourt fut pour ceux qui y furent invités et en particulier pour les onze vénérables ecclésiastiques qui bénirent la chapelle, une réminiscence des agapes chrétiennes de la primitive église. Enfin il n'y eut personne qui, cette fête terminée, ne souhaitât que les bienfaiteurs de la contrée ne prissent possession de leur dernière demeure que le plus tard possible, après une longue et heureuse vieillesse.
A. GOZE, D. M. P.,
Correspondant du ministère de la maison de l'Empereur et des beaux-arts pour les monuments historiques et du ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques.
(Extrait du Mémorial d'Amiens, du dimanche 18 octobre 1866.)

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21. - JUGEMENT DE RECTIFICATION
Rendu le 1er août 1867
En faveur de M. Alfred de MOYENCOURT.

NAPOLÉON, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des Français, à tous présents et à venir, salut.
Le tribunal civil de première instance de l'arrondissement communal de Neufchâtel, département de la Seine-Inférieure, a rendu le jugement dont la teneur suit:

A MESSIEURS LES PRÉSIDENT ET JUGES COMPOSANT LE TRIBUNAL CIVIL DE NEUFCHATEL.

" M. Louis-Ferdinand-Alfred de MOÏENCOURT, propriétaire, demeurant au château de Luzières, commune de Conty (Somme), ayant Me Boulenger pour avoué,
A l'honneur d'exposer ce qui suit : M. de Moïencourt est né à Aumale le 25 mai 1816, et c'est à tort et par erreur que dans son acte de naissance, inséré le lendemain sur les registres de l'étal civil de cette commune, son nom de Moïencourt a été écrit Demoïencourt, d'un seul mot, au lieu de l'avoir été en deux mots, qui est la véritable manière de l'écrire.
En effet, c'est en deux mots que ce nom se trouve porté dans l'acte de mariage de son père, inscrit sur les registres de l'état civil de la commune de Thoix (Somme), le 27 février 1815; dans l'acte de baptême de son aïeul, du 8 juin 1760; dans les actes de baptême, mariage et décès de son bisaïeul, des 2 juin 1728, 19 février 1754 et 4 août 1807; dans les actes de baptême, mariage et décès de son trisaïeul, en date des 15 juin 1702, 5 juillet 1727 et 4 octobre 1766; dans les actes de mariage et décès de son quatrisaïeul, des 5 août 1696 et 13 juillet 1738, et enfin dans l'acte de baptême du père de ce dernier, du 21 février 1639. Les actes de l'état civil produits démontrent donc que les ancêtres les plus reculés de l'exposant portaient en deux mots le nom DE MOÏENCOURT. 249
Si dans l'acte de mariage de Adrien~Louis-Ferdinand de Moïencourt, grand-père de l'exposant, en date du 24 avril 1787, le nom patronymique de l'exposant est ainsi écrit d'un seul mot, Demoïencourt, si on remarque la même manière d'orthographier ce nom dans l'acte de naissance du père de l'exposant, en date du 15 vendémiaire an III, on demeurera convaincu que c'est par suite d'une erreur que la particule de s'est trouvée réunie au nom dans le premier de ces deux actes, en le rapprochant de l'acte de baptême dudit Adrien-Louis-Ferdinand de Moïencourt, en date du 8 juin 1760, et de tous les actes antérieurs; et que pour l'acte de naissance du père de l'exposant, il ne pouvait pas en être autrement, quand on songera qu'à l'époque où cet acte a été rédigé, on était sous l'empire de lois révolutionnaires qui prohibaient toute désignation pouvant rappeler une qualification nobiliaire, et que la commune de Saint-Thibault, sur les registres de laquelle cet acte est écrit, avait dû changer son nom contre celui de l'Union, comme le constate cet acte lui-même.
D'ailleurs, il est de principe, ce qui a été consacré par un arrêt de la cour de Paris du 3 mai 1864, que si le nom patronymique des membres d'une même famille est écrit d'une manière différente dans les actes de l'état civil, on doit préférer l'orthographe ancienne à la nouvelle; que l'orthographe ancienne doit être rétablie quand elle est constatée, comme dans l'espèce, par des preuves authentiques; que le temps ne peut changer les noms, et que le droit de ceux qui les portent est imprescriptible.
En conséquense, l'exposant vous adresse la présente requête afin qu'il vous plaise,
Messieurs,
Vu l'exposé ci-dessus et les pièces à l'appui,
Ordonner la rectification de l'acte de naissance de l'exposant, inscrit sur les registres de l'état civil de la ville d'Aumale, à la date du 26 mai 1816;
Dire que le nom patronymique Demoïencourt sera écrit à l'avenir en deux mots : de Moïencourt, au lieu de l'être en un seul;
Ordonner en conséquence que le jugement à intervenir sera transcrit littéralement sur les registres courants de l'état civil de la ville d'Aumale, après qu'une expédition en aura 250 été représentée à l'officier de l'état civil de cette commune; et que mention de la rectification sera faite en marge de l'acte réformé par cet officier et par le greffier du tribunal, sur les registres déposés au greffe.
Neufchâtel, le 23 juillet 1867,
Signé: BOULENGER.
Sera communiqué à M. le procureur impérial pour, sur ses conclusions, et au rapport de M. Corbinaud, juge, que nous commettons, être par le tribunal statué ce que de droit.
Neufchâtel, le 23 juillet 1867,
Signé : FOMBERT DEPALLIÈRES,
Vu et n'empêche : Neufchâtel, le 24 juillet 1867.
pour le procureur impérial,

Signé : GAILLET, substitut.
Cejourd'hui jeudi, 1er août 1867, heure d'audience, en la salle d'audience publique du tribunal civil de première instance de l'arrondissement communal de Neufchâtel, département de la Seine-Inférieure, sise audit Neufchâtel, au palais de justice, les portes ouvertes au public,
Où siégeaient :
MM. Fombert-Depallières, président; Corbinaud et Croizé, juges;
En présence de M. Gaillet, substitut de M. le procureur impérial,
Assisté de Me Ballue, greffier;
Rapport fait par M. Corbinaud, juge, d'une requête présentée par M. Louis-Ferdinand-Alfred de Moïencourt, demeurant au château de Luzières; commune de Conty (Somme), laquelle requête, signée de Me Boulenger, avoué, et datée du 23 juillet 1867, porte les conclusions écrites de M. le substitut de M. le procureur impérial;
Le tribunal, après en avoir délibéré conformément à la loi :
Motifs :
Attendu qu'il résulte d'une requête présentée au nom de M. Louis-Ferdinand-Alfred de Moïencourt, propriétaire, demeurant au château de Luzières, commune de Conty (Somme); 251 qu'il est né à Aumale, en cet arrondissement, le 25 mai 1816, et que c'est par erreur que dans l'acte constatant sa naissance, inscrit le lendemain sur les registres de l'état civil de cette commune, son nom de Moïencourt a été écrit Demoïencourt, en un seul mot, tandis qu'il aurait dû être écrit en deux mots séparés : de Moïencourt; que telle est la véritable manière de l'écrire;
Que le nom de Moïencourt est écrit en effet en deux mots :
1° Dans l'acte civil du mariage de son père, inscrit sur les registres des actes de l'état civil de Thoix (Somme), le 27 février 1815;
2° Dans l'acte de baptême de son aïeul, en date, à Sarcus (Oise), du 8 juin 1760;
3° Dans les actes de baptême, mariage et décès de son bisaïeul, en date, à Sarcus, des 2 juillet 1728, 19 février 1754 et 4 août 1807;
4° Dans les actes de baptême, mariage et décès de son trisaïeul, en date des 15 juin 1702; 5 juillet 1727 et 4 octobre 1766;
5° Dans les actes de mariage et décès de son quatrisaïeul, des 5 août 1696 et 13 juillet 1738.
6° Enfin, dans l'acte de baptême du père de ce dernier, du 12 février 1639;
Que si, dans l'acte de mariage du grand-père de l'exposant, en date du 24 avril 1787, le nom patronymique est écrit en un seul mot, et si la même manière de l'écrire existe dans l'acte du père de l'exposant, en date du 15 vendémiaire an Ill, il faut admettre une erreur dans le premier de ces actes, en le rapprochant surtout de l'acte de baptême du même grand-père, en date du 8 juin 1760 et de tous les actes antérieurs, et dans le deuxième de ces actes, une mesure de prudence commandée par les exigences révolutionnaires, la commune de Saint-Thibault, où cet acte a été inscrit, ayant elle-même cessé de s'appeler Saint-Thibault, et ayant été désignée sous la dénomination de l'Union, ainsi que le constate l'acte de naissance du 15 vendémiaire an III;
Qu'en conséquence de cet exposé, le sieur Louis-Ferdinand-Alfred de Moïencourt, né à Aumale le 25 mai 1816, demande la rectification de l'acte de naissance qui lui est applicable; 252
Attendu que, de l'ensemble des actes produits, il appert que les ancêtres les plus reculés de l'exposant portaient en deux mots séparés le nom : de Moïencourt ;
Que la particule de, distincte du mot Moïencourt, constitue une partie intégrante du nom de famille, plutôt qu'une qualification nobiliaire;
Que le tribunal est donc compétent pour ordonner dans l'acte de naissance de l'exposant le rétablissement de cette particule, séparée d'avec le nom Moïencourt; que si cette même particule en a été séparée pendant un temps plus ou moins long dans deux des actes susvisés, il importe d'admettre dans l'un de ces actes une erreur manifeste, et dans le second une nécessité de l'époque, ainsi d'ailleurs qu'il a été expliqué plus haut:
Qu'il est de principe, en cas de différence dans la manière d'écrire un nom de famille, de préférer l'orthographe ancienne à l'orthographe nouvelle;
Que le temps ne peut changer les noms, et que le droit de ceux qui les portent est imprescriptible;
Qu'il y a donc lieu de rétablir l'orthographe patronymique du nom de l'exposant telle qu'elle existait. anciennement, et d'ordonner la rectification demandée;
Par ces motifs:
Le tribunal, jugeant en matière sommaire et en premier ressort;
Ouï M. le substitut de M. le procureur impérial, en ses conclusions conformes;
Vu les actes produits à l'appui de la requête et les articles 99, 100 et 101 du Code Napoléon, 855 à 858 du Code de procédure civile;
Ordonne la rectification de l'acte de naissance, applicable à l'exposant, et inscrit sur les registres de l'état civil de la ville d'Aumale le 25 mai 1816; en ce sens que son nom patronymique de Moïencourt y sera écrit en deux mots séparés: de Moïencourt, au lieu de l'être en un seul;
" Ordonne en conséquence que le présent jugement de rectification sera transcrit dans son entier sur les registres courants de l'état civil de la ville d'Aumale, et ce sur le vu de son expédition en forme, et à la diligence de l'intéressé et que mention de cette même rectification sera faite en marge 253 de l'acte réformé, et déposé tant à l'hôtel de ville d'Aumale qu'un greffe civil de cet arrondissement;
Ainsi prononcé en la salle d'audience publique dudit tribunal, les jour, mois, lieu et an susdits.
Signé : etc.
Enregistré à Neufchâtel, le 17 août 1867."

22. - Dernières notes sur la famille de Moyencourt.
Voici, d'après les manuscrits de M. Dumont de Moyencourt, les noms des familles qui ont porté ou portent encore celui de Moyencourt:
I. BINET DE MOYENCOURT, dont les membres ont pris le titre de comte de Moyencourt, famille encore existante.
II. DU CHASTELET, seigneurs de Moyencourt, famille éteinte en 1728 (voyez page 110 de cette histoire).
III. DUMONT, baron de Moyencourt, famille éteinte en 1866.
IV. FOSSIER DE MOYENCOURT, famille encore existante.
V. DE MOYENCOURT, famille dont nous donnons la généalogie dans la présente histoire.
VI. TYREL DE MOYENCOURT, famille issue des sires de Poix.
VII. VAUTIER DE MOYENCOURT, dont quelques membres ont pris le titre de comte de Moyencourt, etc.

23. - Description des Armoiries des familles qui ont possédé les château et domaine de Moyencourt, après la maison de ce nom, c'est-à-dire depuis l'année 1580, jusqu'à ce jour.
Notre intention était, après les pièces justificatives de la famille de Moyencourt, de rapporter des notices généalogiques sur les familles du Chastelet, de Sarcus, de Gomer, de Crény et de Tourtier, familles qui ont possédé successivement la terre de Moyencourt; mais, comme nous avons déjà dépassé le cadre que nous avions tracé, nous nous contenterons de ne donner ici que la description de leurs armes. 254

1° Du CHASTELET, famille éteinte : De gueules, à la fasce d'argent, accompagnée de trois tours d'or, posées deux en chef et une, en pointe - Supports: Deux lions d'or couronnés. - Couronne de Baron.
2° DE SARCUS: De gueules, au sautoir d'argent, cantonné de quatre merlettes du même. - Tenants : Deux anges. - Couronne de Comte.
3° DE GOMER : D'or, au lambel d'azur, accompagné de sept merlettes de gueules, posées quatre en chef et trois en pointes. - Couronne de Comte.
4° DE CRENY : D'azur, à la fasce d'argent ; à la bordure engrêlée de gueules. La branche de Picardie ajoutait à ses armes: Un croissant de sable sur la fasce, pour brisure. - Supports et cimier : Trois licornes. - Couronne de Marquis.
5° DE TOURTIER : D'azur, au chevron d'argent, accompagné de trois besants du même, posés deux en chef et un en pointe ; le chevron chargé de trois merlettes de sable, une sur la pointe et deux sur les branches affrontées. - :Supports : Deux lions. - Couronne de Comte.
Ces quatre dernières familles subsistent encore aujourd'hui avec honneur; celle de Tourtier a conservé le domaine de Moyencourt jusqu'à ce jour.

24. - Lettre de M. Ludovic comte de Poix, adressée à M. Alfred de Moïencourt, au château de Luzières.
(Tours), ce 21 février 1868.

MONSIEUR,
J'ai sans doute abusé de votre complaisance en gardant trop de temps les épreuves que vous avez eu la bonté de me communiquer.
Après avoir bien réfléchi à ce qui est fait sur vos épreuves, j'ai pensé que la transition qui faisait interrompre la généalogie pour la continuer au 24me degré était trop brusque et même trop incertaine, surtout quand on sait que c'est un garçon qui se trouve l'aîné de la famille de Poix, sans savoir préalablement pourquoi et comment. 255
J'ai donc pensé, et surtout comme c'était de l'histoire presque contemporaine qui serait connue de beaucoup de personnes dans les mains desquelles pourrait tomber votre travail, qu'il était nécessaire de remonter à trois degrés plus haut, surtout apportant avec eux les preuves du titre de la famille, ainsi que les nouvelles armes que la maison a prises depuis si longtemps; par ce moyen on aura plus à biffer le titre de comte pas plus que les armoiries, comme vous l'avez fait dans votre projet.
J'espère, monsieur, que cette idée ne vous sera pas désagréable, puisqu'elle peut mettre encore un relief de plus à la maison dont vous sortez comme nous.
J'ai gardé le double de ce que je vous envoie et de ce que vous m'avez adressé, afin de pouvoir recevoir vos observations et y répondre, soit en les adoptant, soit même en les discutant franchement et loyalement.
Veuillez, monsieur, présenter nos hommages à madame de Moïencourt, à laquelle madame de Poix vous prie d'offrir ses plus cordiaux souvenirs, ainsi que ses compliments pour vous, monsieur, à qui j'adresse et ma reconnaissance, et mon entier dévouement, joint à tous mes remerciements.
Signé: LUD., COMTE DE POIX.


25. - Lettre de l'Auteur à M. Alfred de Moïencourt, chef du nom et des armes de sa famille, en lui envoyant sa Généalogie imprimée.

MONSIEUR,
J'ai l'honneur de vous annoncer que la Généalogie de votre famille est enfin terminée.
Cette deuxième Notice ou Histoire généalogique de la maison des Tyrel, avait, comme la première, pour 256 objet principal d'établir la filiation des premiers Sires, puis Princes DE POIX et des Seigneurs DE MOYENCOURT, dont vous êtes issu; mais il n'entrait pas dans notre plan primitif de donner in extenso la généalogie des seigneurs de Poix et de Marécreux; notre dessein était de reproduire, dans cette nouvelle édition, le simple exposé qui se trouvait dans notre premier travail. Mais M. Ludovic de Poix. auquel ce projet a été soumis, vous ayant exprimé, par sa lettre du 21 février 1868, rapportée plus haut, le désir de nous voir entrer dans de plus grands développements sur la généalogie de sa maison, et nous ayant communiqué, à nous-même, à Tours, puis adressé à Paris un grand nombre de notes sur sa famille, nous avons conçu le projet de faire sur la maison dont il est issu, comme vous, une histoire généalogique rapportant la filiation de ses ancêtres, depuis Adam de Poix, fils de Jean IV Tyrel, sire de Poix, c'est-à-dire depuis l'an 1402 jusqu'à l'année 1868.
Ce but aurait été bien difficile. pour ne pas dire impossible à atteindre, si M. Louis de Poix, propriétaire du château féodal de Chabenet, près Argenton (Indre), et chef de sa maison, et en cette qualité détenteur des archives et des titres de sa famille, n'avait eu l'obligeance de mettre à notre disposition les parchemins et papiers que renferme son château historique.
C'est là que nous avons pu prendre tous les extraits qui sont rapportés plus loin aux pièces justificatives de la famille de Poix, et, c'est aussi à l'aide de ces précieux renseignements que nous avons pu rédiger cette Notice généalogique offrant toutes les conditions requises d'une authenticité inattaquable.
Notre travail terminé, nous l'avons soumis à M. Louis de Poix, au château de Chabenet, là, en sa présence, comme en la vôtre, nous avons procédé, en juillet 1868, à la collation de nos extraits avec les
titres originaux.
Nous ne terminerons pas sans ajouter que les données que nous avons puisées dans les manuscrits 257 de M. Dumont de Moyencourt, et dans la généalogie des Tyrel, sires de Poix, qui nous est venue de Poitiers, concordent de tous points avec les documents qui ont été mis à notre disposition; ce qui fait penser que les auteurs des deux notices ont pris leurs renseignements dans les archives de l'ordre de Malte, - du chapitre des comtes de Lyon, - des comtesses de l'Argentière, et dans des notes fournies par la famille de Poix.
Nous avons vu, en effet, que plusieurs membres de la famille de Poix ont été admis à l'ordre de Malte; nous avons vu aussi que Louis de Poix avait été nommé chanoine comte de Lyon, en 1765, sur ses preuves de noblesse, etc.
Si, dans le cours de nos recherches, nous avons dû faire de nombreux voyages, ils n'auront pas été inutiles, puisque nous avons trouvé, levé et copié une grande quantité d'actes de l'état civil, qui nous ont servi à établir la généalogie des familles de Moyencourt et de Poix jusqu'à ce jour.
Veuillez agréer, Monsieur, etc.
CUVILLIER,
Archiviste-Généalogiste.
Paris, ce 25 mars 1869.

FIN DES PIÈCES JUSTIFICATIVES DE LA FAMILLE DE MOYENCOURT.


(p. 220)


ARMOIRIES
DE M. ALFRED DE MOÏENCOURT
Chef actuel du nom et des armes de sa famille


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